« Le jeu et les supports ludiques en formation d’adultes » (C. Barthélémy-Ruiz, 1993)

Le « désherbage » en bibliothèque a plusieurs avantages (rafraîchir les collections et gagner de la place essentiellement en éliminant les ouvrages obsolètes, endommagés et pas ou trop peu empruntés). Il permet aussi de tomber sur des ouvrages qui vous avaient échappé à l’époque… dont ce livre quasi contemporain de cette décennie prodigieuse qui aura vu la naissance du réseau Ludus, de nos propres enfants et du web.

L’ouvrage sent bon le siècle dernier en ce sens qu’il n’est pas d’une construction follement aboutie. On a plutôt affaire à un patchwork de chapitres disparates, émaillé de grosses bêtises (comme la définition de Diplomacy comme « jeu coopératif », ce qui va faire rire tous ceux qui ont trahi leurs proches sans scrupule dans ce jeu prodigieux qui simule l’Europe au début du siècle). Même si cette époque est encore pionnière, on sent une méconnaissance des jeux vidéo à peine cités et un manque sérieux d’entrain envers les jeux de simulation… La réflexion sur la nature exacte du jeu de formation (qui est à peu près le pendant du jeu pédagogique pour l’enseignement) est assez survolée mais peut constituer un point de départ de la réflexion, pour ceux et celles qui trouveront l’intérêt de la mener.

Néanmoins, il y a dans la seconde partie des chapitres plus intéressants , comme sur l’animation et la conception d’un jeu par exemple. Il y a d’autres passages plus étonnants, comme un recensement des entreprises et exemples de jeux pour adultes (pas ce que vous pensez, petit coquinou, on parle des jeux de formation) au début de cette décennie des années 1990 et je dois avouer ma surprise tant je n’imaginais tant d’initiatives, y compris dans le secteur purement privé. Je serais bien curieux de savoir si c’est au même niveau aujourd’hui, même si le détail des exemples doit amener le lecteur curieux à un tantinet de prudence (le jeu de l’oie adapté est ainsi souvent cité, bof bof).

Plus troublant est que beaucoup de questions et beaucoup de termes (comme les « ludologues » dont on a abusé sur ce site) sont déjà dans ce livre, qui est paru quelques années (1993) avant la création du réseau Ludus (1998). Aurait-on quand même lu ce livre sans s’en souvenir ? Puis aurait-on été influencés à l’insu de notre plein gré ? C’est peu probable, tant les livres sur l’usage des jeux en formation étaient rares à l’époque et qu’on sautait sur tout ce qui sortait (c’est une image). Au mieux, ça prouve qu’on était plusieurs à se poser les mêmes questions en même temps et il faut bien avouer que nous continuons à partager les parti-pris volontaristes sur l’usage du jeu tels qu’ils ont été définis il y a désormais près de trente ans.