« Jouer en classe au collège et au lycée »

jouer-en-classe-en-collège-et-en-lycéeIl y a déjà plusieurs années, un collègue de l’académie d’Amiens, Marc Berthou, avait postulé pour un des stages d’initiation du réseau Ludus (académie de Caen). Mais en raison d’une belle tempête de neige, il n’avait pu y participer. Mortifié et frustré par ces intempéries, il était tellement déçu que ça faisait peine à entendre au téléphone. Je lui avais donc proposé une séance de rattrapage spéciale, pendant 2-3 jours pendant les vacances scolaires suivantes, à la maison, avec tous les jeux sous la main. Aujourd’hui, on appellerait ça du coaching et que même on pourrait passer sur M6, mais autres temps, autres moeurs…

Je fus peu étonné de voir le collègue, reparti gonflé à bloc de la maison, lancer l’équivalent du réseau peu de temps après dans son académie, à notre plus grande satisfaction avec Denis Sestier, avec stages, soutien des cellules d’innovation et publications web. Bref, du branding avec développement de franchises à l’échelle nationale comme on dirait si on voulait passer sur M6, mais cette fois dans Capital.

Et nous fûmes également peu étonnés quand Marc et son collègue Dominique Natanson (auteur du génial « J’ai vécu au XVIIIe s. ») publièrent ce livre en 2013, co-édité par notre revue pédagogique préférée (Les Cahiers Pédagogiques). Les professionnels de la profession que nous sommes, toujours débordés, n’auront mis que deux ans à se le procurer et à le lire, ce qui n’est pas loin de constituer un record peu enviable en la matière…

La première des satisfactions à la fermeture du livre peut être qualifiée de narcissique (mais si vous pensez « mesquine », je veux bien le concéder) : le réseau Ludus est abondamment cité, à la fois comme inspirateur et comme auteur de jeux souvent cités en exemple notamment Cuba 1962 (mais redonnons à César etc : le jeu n’a pas été seulement été conçu par moi, mais aussi par l’équipe du stage de niveau 2 qui s’était penchée sur le projet). Merci donc aux auteurs, car ce que nous avons lu sur le web ces dernières années reprenait souvent allègrement nos travaux, mais en oubliant régulièrement la source (faute de place, sans aucun doute). Cela dit, la reprise du pastiche de Platon, le Pédagogias, régulièrement cité comme authentique, y compris dans de très sérieux mémoires de formateurs de formateurs (la répétition n’est pas une faute de frappe) est une source de poilade régulièrement renouvelée avec Denis.

Ce n’est pas le cas du livre de Marc Berthou et de Dominique Natanson, qui va d’ailleurs plus loin que ce que proposait le réseau : de nouveaux jeux (dont certains font réellement envie, avec souvent des reproductions partielles du matériel), de nouveaux conseils (notamment matériels et pratiques), une réflexion qui s’élargit notamment aux serious games où les deux auteurs discutent de leurs désaccords sur le sujet et surtout une volonté d’embrasser toutes les disciplines (même si on sent que les auteurs restent quand même des profs d’histoire-géo !).

Le tout forme un copieux manuel qui n’a d’autre but que d’encourager l’enseignant à se lancer dans le jeu pédagogique. En tant que convaincu de base, j’ai du mal à évaluer l’impact sur des lecteurs qui n’auraient pas sauté le pas. Mais à tout le moins, le livre traduit un véritable militantisme pédagogique, avec un réel amour des savoirs, des élèves et de ce qui peut se passer entre les deux quand un enseignant passionné change de braquet. En cela, il constitue une lecture réconfortante et réjouissante.

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