Tout le monde connait Jean Pierre Rosenczveig, Président du Tribunal pour enfants de Bobigny.
Moins connue est l’association qu’il a fondée avec Bernard Bobillot : l’APCEJ (Association pour la Promotion de la Citoyenneté des Enfants et des Jeunes).
Cette association s’est donné pour but de favoriser l’apprentissage de la citoyenneté et l’amélioration de l’accès au droit pour les jeunes et les moins jeunes. Le jeu est rapidement apparu comme un moyen efficace d’atteindre cet objectif, notamment en direction des publics scolaires. C’est ainsi qu’est née en 1998 la première version de Place de la loi. Ce jeu se présente comme un jeu de plateau classique : il s’agit de parcourir un trajet en répondant à des questions qui permettent d’accumuler des jetons. Jusque là rien de révolutionnaire. C’est le thème et surtout le mode d’organisation du jeu qui fait le vrai intérêt de Place de la loi. Idéalement, les joueurs sont regroupés par équipes mêlant des joueurs d’âges différents afin de favoriser les échanges entre jeunes et adultes. Surtout, les questions posées, parfois complexes, ont pour but de déclencher une discussion d’abord au sein de l’équipe puis au niveau de l’ensemble des joueurs pour réfléchir au sens de la loi. Un grand livre de la loi tenu par un joueur propose des commentaires et des éclaircissements pour chaque question du jeu. Ainsi, on est bien loin d’un simple jeu d’érudition juridique. Il ne s’agit pas d’accumuler des connaissances pointues pour en faire étalage mais de réfléchir au sens des lois. En ce sens, on est bien là face à un authentique jeu pédagogique comme on les aime au réseau Ludus.
Pour ma part je l’ai testé en classe à plusieurs reprises. Les équipes étaient donc constituées uniquement de jeunes. Le résultat a toujours été très intéressant, les discussions provoquées par les questions du jeu ayant toujours été fort riches. Cela m’a d’ailleurs permis de constater que certains de mes élèves avaient une connaissance directe de certains mécanismes judiciaires, ce que j’étais parfois loin d’imaginer.
Aujourd’hui, Place de la loi existe en deux versions : une version junior (diffusée par les éditions Gallimard) et une version ados/adulte que l’on peut commander sur le site de l’APCEJ.
Pour terminer, je ne résiste pas au plaisir de vous proposer ce « Commandement n°3 » de la règle du jeu. Il s’applique à tous les jeux pédagogiques, voire à toutes les situations d’enseignement.
« Nous recommandons aux purs juristes de nous épargner leurs foudres.
Il est évident que ce jeu se veut un instrument de vulgarisation, il aide à raisonner, il apporte certaines réponses, il veut donner envie d’en savoir plus.
Il n’est pas un cours de doctorat en droit !
Il n’est pas toujours facile d’expliquer simplement des notions parfois complexes. La simplification est la loi du genre.
Merci de l’entendre en observant que nous avons veillé à respecter l’esprit des lois! »
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