Aujourd’hui nouvelle chronique sur une question que peut-être beaucoup d’entre vous se posent : “Ne suis je bon qu’à être instit ?” Quelle reconversion professionnelle pourrais je envisager si l’envie m’en prenait ?
Ne nous méprenons pas nous exerçons un métier fantastique (je ne le dénigre en rien et je reste passionné par ce métier que j’ai choisi et qui est pour ma part une vocation !) Certains d’entre nous, pensent, à tort, qu’ils ne seraient pas capables d’exercer une autre profession bien que leur envie d’en changer soit réelle. Voici quelques pistes et conseils si vous voulez sortir de l’enseignement…
1. Pourquoi penser à une reconversion professionnelle ?
Les arguments sont légion et je ne vais pas vous en faire une liste exhaustive. Les idées qui émergent le plus souvent sont :
- le manque de considération de la société pour notre beau métier et une dégradation de l’image des enseignants
- des élèves qui ont changé et un écart grandissant entre les représentations du métier et sa réalité vécue avec difficulté
- peu de perspective d’évolution tant en termes de responsabilité qu’au niveau du salaire dans l’Education nationale
- des parents de plus en plus au “contact” et en opposition des enseignants dont ils soutiennent peu les décisions.
- des temps de formation insuffisants et décevants
2. Alors comment sortir de l’enseignement ?
Il existe plusieurs possibilités d’envisager un nouveau projet professionnel. Vous pouvez:
- accéder à la mobilité par concours dans la fonction publique
- demander votre détachement
- cumuler des activités dans un premier temps
- vous mettre en disponibilité (pour 1 an et jusqu’à 10 ans) histoire de vous lancer dans votre projet sans trop risquer même si vos droits à la retraite et votre avancement sont gelés durant ce temps.
- démissionner (mais là c’est plus radical et c’est surtout sans retour garanti à moins de repasser le concours et là bon courage car bachoter à nouveau après une longue période d’activité professionnelle n’est pas chose aisée)
3. Quelle reconversion professionnelle ? Que faire ?
C’est souvent là que vous vous retrouvez coincés, hésitants, face à un mur.
Tout d’abord il faut savoir que chaque situation et chaque profil est personnel. Bien qu’étant tous enseignant nous n’avons pas les mêmes aptitudes, les mêmes capacités, ni les mêmes compétences.
Il faudra donc avant de prendre toute décision lourde de conséquence faire un bilan de compétences.
Certains sont des créatifs dans l’âme, d’autres ont des capacités de gestion de ressources humaines, d’autres ont un don naturel pour travailler dans le social. D’autres encore ont de réelles capacités en tant que formateur ou dans des compétences plus techniques comme l’informatique.
Voici quelques idées de reconversion possible:
- journaliste, nos qualités littéraires, d’orthographe, de syntaxe sont fortement appréciées dans le milieu de la presse qu’elle soit numérique ou physique.
- auteur. Par essence nous sommes des “chercheurs, des farfouilleurs”. Si vous avez une expérience suffisante de 10 à 15 ans d’enseignement vous pouvez aisément vous lancez dans l’écriture d’ouvrages didactiques ou sur la pédagogie de l’enfant. Pour ma part je le suis devenu mais cela reste un complément d’activité et de revenus. Pour en vivre il faudra faire vos preuves.
- un changement de poste. Même si l’éducation nationale n’est pas célèbre pour ça mais il existe des migrations possibles vers les postes de directeur, inspecteur, maître formateur, conseiller pédagogique ou même psychologue scolaire)
- enseigner à l’étranger (F.L.E, français langue étrangère) voilà un nouveau défi, une nouvelle aventure à tenter à condition que votre famille veuille bien vous suivre dans ce projet.
- créateur d’entreprise. Le statut d’auto-entrepreneur ouvre de nombreuses perspectives dans ce domaine. Étonnamment beaucoup d’anciens enseignants se lancent dans cette voie en tant que coach, précepteur privé,dans l’auto-édition.
- tenir des chambres d’hôtes ou des gîtes.
- ouvrir une agence de voyages ( d’ex-enseignants l’ont fait et ont réussi)
4. Vers qui se tourner ?
Il y a un site incontournable dans la reconversion professionnelle des enseignants: http://www.apresprof.org/
Vous y trouverez des contacts, des formations à distances, des conférences, des conseils pour réaliser vos lettres de motivation et CV, les textes concernant votre statut, un réseau de dialogue privé pour échanger. Bref une mine d’or ! Je vous conseille aussi l’excellent site: http://www.toutpourchanger.com/
Plus généraliste (il s’adresse à toutes les catégories socio-professionnelles) vous y trouverez des idées (le CV vidéo), des témoignages, des retours sur expériences, des conseils, du coaching, des tests si vous cherchez encore votre voie. Vous pourrez aussi vous rendre sur le site du café pédagogique et consulter la rubrique seconde carrière. Enfin, plus officiel je vous recommande le site reconversionprofessionnelle.org
Voilà j’espère vous avoir donné quelques pistes si vous êtes en questionnement sur votre avenir professionnel. Pour terminer n’oubliez jamais que nous exerçons un métier formidable fait de rencontres riches avec les enfants et les parents. Nous œuvrons à une société future meilleure. Nous avons un rôle même si la société tend à le minimiser ou à le dévaloriser. Cependant pour jouer ce rôle à fond il faut un enthousiasme forcené. Et si celui-ci n’est plus en vous alors ne culpabilisez pas et osez le changement (le vrai!).
Monsieur Mathieu
Parmi les propositions citées, l’année sabbatique, grâce à la possibilité d’une disponibilité, permet de changer d’horizon et de se confronter à de nouvelles expériences.
Président d’une petite ONG au Cambodge, je vois arriver des enseignants qui viennent enseigner le français à des jeunes adolescents issus de milieux défavorisés afin de les former dans un deuxième temps aux métiers du tourisme. L’expérience vécue par les bénévoles est une source de réflexions qui est permise du fait de l’éloignement de préoccupations quotidiennes, une sorte de retraite active.
La demande d’enseignants bénévoles de la part des ONG est forte et l’offre ne suit pas toujours. Pourtant l’aventure est d’une richesse incomparable.
Un petit tour sur http://www.saekthmey.com pourrait il donner l’envie à certaines et certains ?
Pierre (contact : international@saekthmey.com)
Il faut aussi penser qu’on peut être accompagné par un dispositif de Mobilité des personnels (selon les académies). Cela peut être l’occasion d’un bilan de compétences et d’une rencontre avec un conseiller d’orientation des services académiques. N’ayant pas encore fait la démarche jusqu’au bout, je ne peux vous en dire davantage, si ce n’est que le dispositif existe.
Vous ne parlez pas de l’indemnité de départ volontaire, qui permet aussi de quitter l’EN avec une indemnité qui peut aller jusqu’à 2 ans de salaire en théorie, conditionnée par un projet professionnel établi. Un prochain article en parlera t’il ?
On peut aussi avoir exercé ce métier avec foi et douceur, beaucoup de travail, beaucoup de joies, et ayant le sentiment de s’en être nourri et avoir grandi au sein de ce constant échange avec la vie, les enfants, les familles, avoir envie de bouger… de voir ailleurs… lorsque comme moi on n’a quasiment jamais quitté l’école, une petite année de fac… la vie est vaste. Oser s’y promener. C’est aussi un risque, après toutes ces années salariées si régulières…
Alors merci pour vos pistes, quelque soit notre voyage.
* … quel que soit notre voyage.
Je suis encore instit : l’orthographe 🙂