Littoral : un retour d’expérience

Au réseau Ludus on a fait le pari de la mutualisation et ça marche plutôt bien. Cependant il est assez rare d’avoir des retours détaillés sur des expérimentations et des adaptations de tel ou tel de nos jeux. Ce n’est pas le cas cette fois et je ne vais pas bouder mon plaisir. Merci à Laurent Brasseur de Belgique pour cette description détaillée de son utilisation du jeu littoral

 » J’ai enfin eu l’occasion de tester votre jeu Littoral avec une grosse quinzaine d’enfants de 11 ans. Merci, l’activité a été un franc succès! Ils ont vraiment adoré.

J’ai du adapter certaines choses, notamment le nom de certains acteurs (puisque nous sommes en Belgique). Comme je n’avais pas vraiment compris comment se déroulait un tour, je leur ai simplement dit de jeter les dés chacun son tour pour les revenus, et en attendant leur prochain tour, de négocier avec les autres. J’ai aussi volontairement mixé les zones (ainsi certaines zones pouvaient être bâties comme industrielles ou touristiques ou même protégées), en mettant (au début) un nombre assez faible de terrains en jeu. Assez pour que tous puissent s’en procurer, mais qu’il y ait la pression de se dire qu’il n’y en aurait pas longtemps pour tout le monde. Par la suite j’ai ouvert la deuxième zone de jeu, où chaque zone pouvait devenir de n’importe quel type. Observations:

– très gros engouement dès le 2eme ou 3eme tour. J’ai cependant baissé le prix des terrains à 30, pour que ce soit un peu plus dynamique.

– comme souvent dans ce genre de jeux, malheureusement ce sont souvent les plus forts en gueule qui l’emportent: les timides étaient laissés de côté. J’ai dû souvent en remettre sur la piste. Il y aurait peut-être moyen d’éviter ça avec des moments de parole où on ne fait rien d’autre que négocier, et qu’on ne quitte pas la table tant que tout le monde n’a pas parlé. Mais ça augmenterait la durée de jeu et ferait baisser le niveau d’excitation.

– le mixage des zones a créé une super dynamique, donnant lieu à des stratégies inattendues (« je te paie pour que tu construises ton port sur la zone d’à côté, parce que celle-ci c’est une plage riche en biodiversité »… malheureusement le prix payé à l’industriel était trop élevé, alors il a utilisé cet argent pour construire sur les 2 zones :))).

– au bout d’une heure de jeu, les moins compétitifs ont commencé à se retirer du jeu. Ca m’a semblé un bon moment pour annoncer qu’il ne restait que 5 minutes, histoire de faire monter la pression.

– les enfants ont compté leurs points en individuel, mais aussi en équipes (avec les alliances qui s’étaient formées).

– on a terminé par une analyse succinte (2 mn) de la ville qu’ils avaient développée, afin de voir s’ils pouvaient imaginer à quoi elle ressemblait d’après le plan.

 

Le jeu me semble avoir beaucoup de potentiel pour développer un tas de thématiques et d’activités en rapport, mais je n’avais ce groupe que pour la journée. L’après-midi, toutefois, on a enchaîné avec un mix entre le mille bornes et le jeu de l’oie (parcours de voitures avec des cases, menant à la ville qu’ils avaient créée au matin). Toutes les X cases, il y avait une case étape, arrêt obligatoire où les équipes recevaient une question ouverte en rapport avec Littoral. Ces questions étaient:

– quelle était, pour vous, la plus grosse difficulté du jeu? (Réponses: devoir négocier, obtenir la priorité pour construire sur une zone convoitée, arriver à un accord entre partenaires de mêmes intérêts)

– votre ville risque de souffrir de problèmes dont souffre le monde. Quels problèmes pourraient être les pires? (Réponses: panne de courant, pollution, trop d’industrie, explosion industrielle)

– comment résoudriez-vous, ou préviendriez-vous ces problèmes? (Réponses: moins de voiture, recyclage, éoliennes, transports en commun).

On a terminé par une discussion sur ces thèmes-là, menant à quelques actions concrètes réalisables par chacun. Les enfants m’ont semblé assez au fait des enjeux écologiques actuels (ils se sont d’ailleurs dirigé sur cette piste sans que je les y pousse). »

Laurent Brasseur.

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