Ou l’art de préparer des cocktails pour tous les goûts

On en a tous rêvé ! Échapper à des corrections systématiques d’analyse de phrases, brassant et rebrassant à outrance les natures et les fonctions, et empêcher les élèves de bâiller face à leur ennemie jurée, la grammaire !! Enfin voir des élèves attraper à bras le corps des notions grammaticales et essayer d’y comprendre quelque chose. Parce qu’on a beau leur répéter que oui, il n’y a rien de plus logique… ça rame, ça bugue, et écran noir (enfin, feuille blanche !).

cocktails

Différentes pistes m’intriguaient :

– la pédagogie différenciée : ou comment ne pas s’évertuer à faire comprendre la différence entre proposition subordonnée interrogative indirecte et proposition subordonnée conjonctive à un élève qui peine encore à distinguer un article d’un pronom ;

– la classe inversée : ou comment laisser l’élève digérer une notion pour nous dire après s’il a compris ou pas du tout et le laisser agir pour s’approprier les choses ;

– le grammosome : (le quoi ??) ou l’utilisation de symboles et de niveaux pour mieux comprendre l’organisation des mots entre eux (https://pedagogieagile.files.wordpress.com/2013/10/classes-grammaticales.pdf ) ;

– le travail en îlots : ou comment favoriser l’entraide et amener les élèves à réfléchir et à partager.

Wouah… C’est les vacances et entre deux milk-shakes à la fraise, ce cocktail pédagogique me paraît presque indigeste… Mais aucun des ingrédients ne trouve de valeur exclusive à mes yeux. Il faudrait donc piocher le meilleur (et ce qui m’intéresserait le plus) dans chacun d’eux.

Convaincue qu’il faut changer ma façon de faire, je me lance.

C’est ainsi que voit le jour ma propre version du grammosome pour mes élèves de 3e .

Quelle organisation !

3 objectifs progressifs :

GRAMMOSOME 1 : maîtriser les natures de mots (de septembre à novembre)

GRAMMOSOME 2 : maîtriser les fonctions des mots (de décembre à février)

GRAMMOSOME 3 : maîtriser l’analyse des propositions (de mars à mai)

Chaque semaine, les élèves ont un cours, un diaporama, une vidéo à lire sur une notion précise. Ils complètent leur propre carte heuristique (ça, c’est la cerise sur le cocktail !).

Une fois en classe, ceux qui ont compris et n’ont pas besoin de précisions forment un îlot de travail (4 élèves) et peuvent se mettre au travail en groupe. Pour les autres (ceux qui manifestent leur incompréhension ou ceux qui n’ont pas répondu au questionnaire en ligne – démarche qui n’a pas été systématique de ma part), nous prenons cinq minutes pour faire le point.

Puis, chaque groupe travaille sur son grammosome. Un des membres se verra choisi pour me rendre le grammosome de tout le groupe. À chaque fois, trois phrases de niveaux différents sont proposées (1 étoile/2 étoiles/3 étoiles). Plus le niveau augmente, plus il y a de mots à analyser (entre 15 et 20 en moyenne) et plus l’analyse devient exigeante (il faut préciser les natures des déterminants, des pronoms, préciser l’analyse du verbe…)

J’évalue en compétences (NA = -30 % de bonnes réponses, EA= -60%, àR= -90% et A = entre 90% et 100%). Un groupe qui choisit le niveau 1 a donc moins de mots à analyser, des natures plus simples à identifier mais descend plus rapidement dans les pourcentages en cas d’erreur. La prise de risque est donc valorisée aussi.

La semaine suivante (j’y consacre une heure/semaine sur des périodes de cinq semaines environ), je distribue le grammosome corrigé aux groupes qui prennent cinq minutes pour revenir sur leurs erreurs. Puis de nouveau, on reprend pour certains les nouvelles notions et on enchaîne sur le nouveau grammosome. Enfin, à la fin de chaque période, un grammosome individuel est proposé avec la même différenciation.

Et alors ?

Les élèves ont pris leur travail en main. Impossible d’avancer sur un grammosome sans avoir étudié la nouvelle notion, sous peine de faire ralentir le groupe. N’allons pas imaginer que le travail à la maison fut systématique ! Mais la mise au point de cinq minutes en début d’heure permet à tous de pouvoir suivre (plus ou moins efficacement). Certains élèves ont apprécié le fait de disposer en fin de course de cartes heuristiques sur l’ensemble des notions.

Le fait d’employer des signes semble plus ludique pour les élèves, et met surtout en avant un enchaînement logique des choses. (On vous le répète depuis toujours, c’est logique !!)

L’effet de groupe est intéressant ici – on partage, on échange, on se contredit, on apporte des preuves –, tout en sachant que c’est un travail individuel qui sera valorisé en fin de période. Et même en groupe, le travail ramassé l’est de manière aléatoire et chacun doit s’investir pour suivre le déroulement des opérations.

Le travail en îlots m’a permis de m’attarder sur le travail des groupes en difficultés et de les guider un peu plus.

L’entraînement systématique et la méthodologie que cet exercice a nécessités ont laissé des traces… Et même si tous les élèves ne sont pas arrivés à des phrases de niveau 3, il me semble (je ne vis pas au pays des bisounours !) que la plupart des élèves en ont retiré quelque chose.

Le concept reste à améliorer :

 

Je me suis lancée, j’ai testé, je vais réitérer… et peut-être de nouveau entendre des élèves arriver et demander : « Madame, on fait un grammosome aujourd’hui ? Trop bien ! ».

 

Une chronique de Marlène Chemin

2 réponses

  1. Bonjour, Merci de partager cette pratique très intéressante. La liste que vous nous proposez de symboles est elle complète ou avez vous fait une sélection? Je serais preneuse pour les autres symboles à utiliser avec les élèves. Je suis prof d’allemand.

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