Accompagnement Personnalié pour tous

L’APPHILO
LA PAIX PHILO
L’APNEE PHILO
L’APERITIF PHILO
L’APPLIPHILO
L’APPEL DE LA PHILO
L’APPETIT POUR LA PHILO
L’APPRIVOISEMENT DE LA PHILO

Sur quelques préjugés à rectifier :

Le parent avisé : Chouette l’AP philo c’est comme le café philo, non ?
Le collègue des sciences : Si c’est comme un TP, on ne peut pas encore faire en philo, on n’applique pas, on ne pratique pas comme nous en labo…
Le chef d’établissement : On va quand même pas mettre de l’AP en philo ! J’ai pas les heures.
L’élèves de terminale littéraire :  Quoi, une heure en plus ? Comme si 8 heures de philo par semaine ça ne nous suffisait pas !

Et qu’en fait le professeur de philosophie, de cette fameuse heure d’AP ? (Traduisons Accompagnement Personnalisé). Non, non, il ne va pas finir le programme qui est, petit rappel, organisé librement par chaque enseignant et jamais déterminé : « L’ordre dans lequel les notions sont abordées et leur articulation avec l’étude des oeuvres relèvent de la liberté philosophique et de la responsabilité du professeur, pourvu que toutes soient examinées. »

Socrate et l'AP

Une fois les hypothèses de fin de cours ou de programme bouclé écartées, une fois aussi celle de l’arbitraire et du bon vouloir de chacun exclue, reste la question :

Que faire pendant une heure ?

Différents types d’activités peuvent avoir lieu conformément aux consignes officielles qui préconisent « des actions coordonnées de soutien, d’approfondissement, d’aide méthodologique et d’aide à l’orientation. » Arrêtés des 27-1 et 1-2-2010 – J.O des 28-1 et 3-2-2010 – B.O. spécial n°1 du 4 février 2010.

Soutien et méthodologie :

En philosophie, soutenir l’élève dans ce qu’il ne parvient pas à faire (la dissertation et/ou l’explication de texte) ne consiste pas à lui infliger un énième sujet, mais à changer ses habitudes, à « convertir le regard de son âme » en termes platoniciens, pour le détourner de ses habitudes ou méthodes de travail. Un de ces exercices peut être la réécriture, par exemple d’une introduction ou d’un paragraphe déjà rédigé par l’élève et corrigé par le professeur. On peut aussi faire travailler l’élève sur son propre brouillon ou par exemple matérialiser avec lui une lecture de texte. L’enjeu est de valoriser l’élève ; pourquoi pas lui ajouter des points à son premier devoir ?

Le professeur peut également travailler sur quelques copies qui présentent les mêmes défauts (absence de plan, sujet perdu de vue, vocabulaire mal ou pas défini, etc.) L’investissement est alors, par expérience, plus intéressant s’il s’agit de copies anonymes, voire d’autres classes ou d’années précédentes. Certaines perles les feront rire, et ils se montreront plus critiques si elles ne les concernent pas.

Approfondissement :

De nombreuses activités consistent en l’utilisation des supports considérés comme non philosophiques : oeuvres d’art, cinéma, vidéos, expositions ou sorties scolaires comme la danse, le théâtre, les voyages linguistiques, etc. Il ne s’agit pas de refaire des exposés ou des recherches du type Travail Personnel Encadré, mais de donner à l’élève l’occasion d’utiliser des exemples, d’enrichir sa culture générale dans le but des exercices de dissertation et d’explication de textes spécifiquement philosophiques. Il s’agit aussi d’apprendre à utiliser des ressources numériques, de composer une bibliographie, une fiche de lecture, bref tout ce dont il aura besoin pour son travail d’étudiant.

Orientation : 

Si les cours de philosophie sont maintenus en terminale, à l’instar de certains qui souhaitent les introduire avant cette classe, c’est parce que cette dernière année de lycée est propédeutique, c’est-à-dire prépare aux études secondaires. Le projet actuel étant le développement de la notion de continuum Bac -3/Bac +3 instaurée par la Loi du 22 Juillet 2013, la philosophie y a toute sa place en tant que discipline médiatrice.Certaines activités peuvent conduire l’étudiant à se préparer aux études supérieures, non seulement de philosophie ou de sciences humaines (ce qui peut être fait en collaboration avec des enseignants d’université), mais de toute autre discipline. On peut par exemple prévoir une séance à la Bibliothèque Universitaire, séance préparée et reprise en classe, mais aussi dans un musée (certains proposent des « petites fabriques d’une exposition », à l’opéra, au théâtre, dans une maison d’édition, etc. Les collaborations sont sources d’enrichissement pour les futurs étudiants tout en créant des liens avec la philosophie.

En fonction des ressources disponibles le professeur ayant en charge l’Accompagnement Personnalisé pourra choisir un fil conducteur pour ces trois activités et soit librement les mêler au sein d’un projet soit en faire qu’une ou deux dans l’année.

À titre personnel, je vous donne cet exemple que j’ai mené pendant une année scolaire à partir de ressources différentes de ma région.

J’ai choisi de faire travailler les élèves sur le thème de l’enfermement. J’ai étudié en cours des textes conformes au programme de philosophie, de différents auteurs, classiques et contemporains. En parallèle, en 3 trimestres nous avons effectué trois sorties.

Nous avons travaillé sur la prison à partir de la visite de la prison Saint Anne d’Avignon, fermée et réutilisée « dans son jus » à l’occasion d’un exposition d’art contemporain « La disparition des Lucioles par Yvon Lambert ». Nous avons aussi visionné le film César doit mourir des frères Taviani. Nous avons travaillé sur l’hôpital psychiatrique en visitant le musée des Arcades au sein du CHU de Montfavet. Plusieurs extraits de film, celui de Camille Claudel et d’autres sur l’internement ont donné des références assez diverses et précises en écho au texte de Michel Foucault L’histoire de la folie à l’âge classique.

Enfin, notre dernière visite fut le Site Mémorial du Camp des Milles avec un travail sur Hannah Arendt en particulier mais aussi l’enfermement des artistes comme Max Ernst, Victor Brauner, etc.

Par ces exemples, on peut voir que l’Accompagnement Personnalisé n’est en rien isolé du cours de philosophie suivi par des élèves, ne les remplace pas, tout en s’appuyant sur des contenus disciplinaires confrontés à d’autres.

Ce travail ne nécessitant pas d’évaluation mais devant permettre de valoriser l’investissement des élèves, il se conclut – outre les bonnes notes au baccalauréat – par une exposition au CDI. La presse, l’administration, un petit rafraichissement, quelque chose d’officiel, qui pour les élèves était l’aboutissement d’un réel effort personnel et accompagné.

En conclusion : 

Je préfère remplacer AP par l’Apprentissage du Philosophe.

Et vous, que faites vous en AP ?

Une chronique de Florence

Une réponse

  1. Eh bien moi je n’attendrais pas l’AP pour ça: il doit bien y avoir moyen de caler toutes ces démarches pédagogiques incroyables dans les huit heures hebdomadaires!! Pour avoir vécu (subi) ces huit heures en terminale je peux vous assurer qu’une énième heure, à l’époque, n’aurait en rien ébranlé mon peu de motivation…

    Je suis professeur de français et je ne comprends toujours pas pourquoi les littéraires devraient s’enthousiasmer davantage pour la philosophie que leurs camarades scientifiques et économistes.

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