Après quatre années…

Goodbye

Très cher-e futur-e breveté-e,

Voilà 4 ans que nous nous connaissons.

[dropcap]E[/dropcap]n sixième, tout frais, encore vert, tu sortais de l’élémentaire pour rejoindre le secondaire. Tu passais de « grand » à « petit ». Et tu en profitais pour une bonne régression : « Maman, heu, maîtresse, heu, madame » et une amnésie partielle, voire totale : « Non, je n’ai jamais appris à poser des multiplications avant, je vous jure ! ».

Dans cette étape, je « t’accompagnais » de manière plus ou moins « personnalisée ». Tu découvrais et redécouvrais comment apprendre une leçon, organiser tes devoirs, ton cartable, ton agenda. Un peu plus loin dans l’année, nous nous appliquions à passer au dessus de tes difficultés, en utilisant le théâtre, en faisant des exposés délirants, et deux/trois révisions de grammaire…

En cinquième, je ne pouvais que t’apercevoir de loin, entre 2 cours ou à la récré, entendant parler de toi par les collègues, en bien, en mal, ou pas du tout. Parfois, le soir, en accompagnement éducatif, je t’aidais à réviser une leçon où à comprendre un exercice.

Puis vint la quatrième et nos retrouvailles en espagnol. Tu me découvrais plus prof qu’accompagnante. Je te découvrais plus adolescent que 2 ans auparavant ! En plus d’être ta prof d’espagnol, je te suivais aussi de près : j’étais ta PP ! Notre relation est devenue plus privilégiée alors que tu mûrissais… doucement… très doucement ! Cette année a été celle où ton caractère s’est affirmé. Il a parfois fallu recadrer ou encourager. Rencontrer les parents. Remotiver. Pousser à sortir de sa coquille. S’étonner. Recommander. Se fâcher. Se calmer. Applaudir. Sanctionner. Évaluer. Conseiller… en un mot, professer ?

Et cette année, tu es en 3e. Tu es à nouveau un grand. Nous sommes de vieilles connaissances, surtout pour toi, pour qui 4 ans, c’est un peu le bout du monde. Cette année a été bien chargée. Tu as fais un stage, écrit un rapport. Je suis venu te voir dans l’entreprise où tu étais sagement assis-e, tiré à quatre épingles. Tranquille comme rarement tu l’auras été en cours. Sapé comme jamais tu ne l’auras été en cours ! J’ai pleuré des larmes de sang devant l’orthographe de ton rapport de stage, sans doute. Mais j’ai aussi été frappée de ta capacité à t’investir sérieusement dans un projet.

Tu as « flippé » au premier brevet blanc, que de ton propre aveu, tu n’avais pas révisé. Tu as re-flippé « grave » au deuxième brevet blanc et là j’ai dû me permettre une remarque sur le fait que ça commençait à être un peu tard pour s’y mettre ! Quand, la veille de ton oral en Histoire des Arts, tu m’as demandé en quoi consistait l’épreuve, j’ai eu de sérieux doutes sur ton implication réelle dans les enjeux de l’année. Tes notes en espagnol ont jouées à saute-mouton. Ça ne m’a pas trop plu ! J’ai dû te rappeler que, s’il n’y avait pas d’épreuve finale au brevet dans cette matière, ces notes faisaient parties de ton contrôle continu. Et qu’il ne serait pas du luxe de compter dessus pour le brevet, vu tes prouesses à l’examen blanc.

Évidemment, j’ai essayé plusieurs stratégies pour te pousser à te dépasser. Te faire peur, un peu. Valoriser les petits succès, beaucoup.

Hier, tu m’as soutenu que l’Atlantique était un pays. Mais j’y crois encore.

Bien sûr, je t’ai montré 92 fois comment faire une fiche de révision efficace. Tu as admiré. Tu t’es exclamé que c’est exactement ce qu’il te fallait pour réviser. Tu devais y passer tes vacances de Noël… puis de février… et finalement, de Pâques… Et puis évidemment tu n’as pas eu le temps. Mais « c’est pas grave madame, vous inquiétez pas, ça va aller ! ».

Au fond, je sais que ça va aller. Peut être pas aussi brillamment que je te l’aurais souhaité. Mais ça va « passer ».

Tu vas partir vers d’autres horizons. Brevet en poche. Te souviendras-tu de moi ? Ce serait bien présomptueux de ma part. Mais si tu retiens finalement que l’Atlantique n’est pas un pays, ce sera peut être un peu grâce à moi.

Bon vent à toi ! 4 ans, c’est le bout du monde et c’est très court, tu verras.

Ta future ex-prof attentive, bienveillante et un peu chiante.

 

Une chronique de Fanny

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