L’évaluation en question

copies corrigées

L’Euro approche. Et un, et deux, et trois… zéro. Serait-ce un pronostic pour le premier match du 10 juin prochain de l’équipe de France contre la Roumanie ? Vous n’y êtes pas. Je laisse le sujet aux spécialistes. S’agirait-il alors du coefficient à appliquer à la prochaine évaluation ? Que nenni, mais vous chauffez. Si je vous dis que c’est la bête noire des profs, ce à quoi on résume parfois l’essentiel du métier, une tâche souvent perçue comme ingrate et ennuyeuse ? Toujours pas ? Et en ajoutant que la dernière tendance est de ne plus forcément y apposer un résultat chiffré mais une couleur de ceinture, un feu vert ou rouge, un acquis ou un en cours d’acquisition ? Un, deux, trois. Les paquets de copies, bien sûr, qui s’amoncellent sur le coin de l’étagère prévue à cet effet. Aussitôt corrigés, d’autres les remplacent. Pour ne pas être submergé, on fait des roulements en fonction des classes. Résultat : l’étagère n’est jamais vide. Impossible d’y couper. C’est notre destin

 

Mais pourquoi donc cette tâche est-elle si fastidieuse ?

Corriger. L’exercice est plutôt indigeste car répétitif. Il est chronophage. On apprend peu. On lit 35 fois la même chose, ou presque. En vieux briscard du stylo rouge, on annote ou on souligne, on barre et on s’offusque, on sourit ou on s’indigne, on interroge ou on se questionne, on souffle et on désespère. On encourage ou on avertit. On additionne ou on soustrait. On met des croix et des smileys. On utilise plusieurs couleurs, vert quand c’est bien, rouge si ça l’est moins. On positive, on optimise. Bref, on y passe du temps mais, à quoi bon ? Nos annotations seront-elles lues ? Sont-elles suffisamment explicites ? Elle est pourtant incontournable cette copie et bien utile au demeurant. Elle est le miroir de notre cours. Elle doit permettre à l’élève de s’évaluer et au prof de voir ce qui est acquis ou pas. Alors, comment y consacrer moins de temps et rendre l’exercice plus exaltant ?

 

 Et vous, quel correcteur êtes-vous ?

Élaborer des stratégies. Certains corrigent chez eux quand d’autres préfèrent la salle des profs ou une terrasse de café. Les uns sont plus efficaces le matin, les autres sont du soir. Certains supervisent exercice par exercice pour garder le barème en tête ; d’autres se fixent un nombre de copies par heure pour tenir le rythme. Les uns sont adeptes de la procrastination : remettre à demain le paquet du jour. Les plus organisés corrigent dans la foulée pour ne pas être dépassés, échafaudant alors des stratagèmes. Fractionner le paquet en mettant les copies par tas de cinq. Et toutes les cinq copies, aller prendre l’air ou regarder ses mails. Se réconforter autour d’un café ou plonger la main dans le sachet de bonbons qui traine sur le coin du bureau parce qu’on le vaut bien et qu’on le mérite. Ça aide mais le tas n’en diminue que plus doucement encore. Sous-traiter alors ? Ça se saurait si ça marchait…

 

 Des solutions miracle peut-être ?

Utiliser des grilles d’évaluation précises et des critères bien définis est un gain de temps. Diversifier les pratiques permet aussi de casser la routine : les activités d’auto ou de coévaluation ont leur vertus et allègent le travail de correction. Des QCM occasionnels, sur papier ou en version numérique, ont leur efficacité. Évaluer une ou deux compétences sur des exercices ciblés et plus courts : un plan détaillé, un brouillon, une introduction, un paragraphe, un tableau, une carte mentale. Ceci dit, on ne peut échapper aux copies doubles entièrement noircies par des sujets de rédaction, des compositions ou autres textes argumentatifs.

Mais l’heure tourne. Cette chronique s’achève et je n’ai désormais plus d’excuses pour ne pas m’atteler aux deux paquets à corriger pour demain. C’est mon destin…

 

Une chronique d’Agnès Pleutin

Une réponse

Laisser un commentaire

buy windows 11 pro test ediyorum