Lundi matin, 9 heures, je fais semblant d’être très occupée sur mon ordinateur dans ma salle, afin d’oublier les montagnes de copies qui envahissent mon bureau. Mes élèves n’arrivent qu’à 10 heures, j’ai le temps !! Je continue de procrastiner, et de clic en clic je me retrouve sur le petit journal des profs… Où un Tweet attire mon attention. Jugez plutôt : “Arrêtez les devoirs, faites les lire !” Je clique et je lis l’article de Benoit Wauthelet : “Pourquoi ne pas remplacer les devoirs par la lecture ?”

devoirs

Dans cet article, il y a des choses que je sais déjà :

– les devoirs à la maison ne sont pas forcément vecteurs de réussite ou de progrès,
– ils sont plus souvent responsables de creuser les inégalités, avec d’un côté les élèves que les parents aident, et de l’autre ceux qui n’ont pas d’endroit pour bosser tranquille…
– les devoirs peuvent être source de tensions familiales dans certains milieux sociaux : “tu as fait ton travail ?” et de chantage à base de Playstation ou de smartphone.

Et puis, il y aussi des choses que j’ignorais :

– 99 % des enseignants donnent régulièrement des devoirs et des leçons,
– 90 % des parents sont en faveur des devoirs et des leçons,
– Mais, et c’est là que c’est intéressant : paradoxalement, 35 % des parents estiment ne pas posséder les compétences requises pour superviser les travaux à domicile (ces trois chiffres sont fournis par l’auteur, et proviennent de statistiques récentes, au Canada).

Et l’auteur de proposer une piste : remplacer les devoirs écrits par un temps de lecture personnelle tous les soirs…

Alors, je m’interroge. Qu’est-ce qu’il en est pour mes élèves, concrètement ? Est-ce que je leur donne des devoirs ? De quel type ? Est-ce trop ? Est-ce efficace ? Est-ce qu’ils lisent ? Quoi ? Comment ?

Petit retour sur mes pratiques

Tout d’abord, j’ai beau savoir que les devoirs creusent souvent les inégalités entre mes élèves, j’ai beau savoir que certains ne peuvent pas travailler dans de bonnes conditions… je donne quand même des devoirs. Parce qu’il faut bien avancer, qu’on a un programme, des séquences à finir, des cours qui sautent à cause de sorties patrimoine ou collège au cinéma… Bref. J’en donne.

Mais… La réelle question est plutôt celle-ci : je donne des devoirs, certes, mais de quel type ?

Ce que je ne fais JAMAIS

– donner une rédaction à la maison. Mon tuteur me l’avait dit dit dès mon premier mois de stage : si je faisais faire les rédac’ à la maison, j’allais évaluer le père, la tante, la grande sœur, la cousine, mais certainement pas l’élève. (ou du moins, pas uniquement). Les rédac’ se font donc en classe, sur un cahier, qui ne quitte jamais ma salle : )

Ce que je ne fais PRESQUE PLUS

– donner des exercices de grammaire/conjugaison, bref, des exercices d’applications à faire à la maison. Pourquoi ? Parce que si on donne des exercices, de quelque type que ce soit, après, il faut les… corriger. Et je déteste. En plus, ces séances de correction ne servent à rien. Les élèves qui participent sont ceux qui n’ont pas besoin de correction. Quand j’interroge les élèves plus faibles, on perd un temps fou… et ceux qui ont tout compris trépignent d’impatience. Bref, inutile. A la place, les élèves font les exercices en classe. EN AUTONOMIE. Et la correction est disponible sur mon bureau. Quand ils ont fini un exercice, ils viennent chercher la correction, et si (et seulement si !) ils ne comprennent pas la correction, ils m’appellent. Ce qui me permet de dégager du temps pour aider ceux qui en ont besoin. Alors certes, ils ne font pas tous l’intégralité des exercices, mais qu’importe. Au moins ils ont tous une atmosphère de travail paisible et une aide disponible, et comme j’ai prévu une bonne dose, les plus rapides ne s’ennuient plus.

Ce que je fais SOUVENT

– donner les leçons et les définitions à apprendre. La, franchement, je sèche. Comment faire autrement?
– donner une ou deux questions de compréhension sur un texte préalablement lu en classe. Mais jamais plus.

Ce que je fais DE PLUS EN PLUS SOUVENT

– leur demander de relire le poème, l’extrait, un chapitre… Bref, leur demander de relire ce sur quoi on travaille ensemble. En fait, je me suis rendue compte que la plupart du temps, mes élèves ne relisent jamais leurs textes chez eux. Pour eux, ce n’est pas du “travail”. Alors, tant mieux ! Je leur donne du travail sans qu’ils s’en rendent compte. Je me suis inspirée du protocole “Fluence” (Fluence, c’est une série de tests pour déterminer le niveau de l’élève en terme de fluidité de lecture, puis les élèves dont les tests ont déterminé un besoin viennent par petits groupes avec un professeur pour lire des textes à voix haute. La particularité est qu’ils lisent le même texte plusieurs fois, et qu’on les chronomètre à chaque fois, pour voir l’évolution – parfois spectaculaire ! – dans la fluidité de leur lecture). Je demande donc régulièrement à mes élèves de relire un texte à voix haute, chez eux, en général trois fois, et de se chronométrer.

Bon… Et bien il semble que j’ai déjà introduit la lecture dans les devoirs que je donne, en fait ! Mais j’ai encore du boulot : l’article parle davantage de lectures de type “plaisir”, non dictées par le professeur, choisies par l’élève, et autour desquelles on pourrait échanger en classe :

Les élèves, plutôt que de repartir chez eux avec des litanies de consignes et un sentiment de saturation scolaire, auraient comme mission de lire durant un laps de temps défini (on peut parier que la plupart des enfants dépasseraient ce temps défini). De cette manière, chacun lirait selon ses envies : qui une bande dessinée, qui un magazine, qui un documentaire sur les requins, qui un roman… Le lendemain, on ferait place à des cercles de lecture pour discuter des découvertes des enfants.

Des élèves qui lisent tous les soirs ? Le rêve pour la prof de français que je suis 🙂

À expérimenter ! (et l’objet d’un prochain article ?!)

Et vous ? Vous donnez des devoirs ?

Une chronique de Cécile Thivolle Cazat

2 réponses

  1. J’ai trouvé votre article très intéressant. Personnellement, je fais de soutien scolaire, et j’utilise l’outil de la carte mentale pour faire mémoriser les leçons à mes élèves. Cet outil peut être utilisé également en classe en autonomie ou en petit groupe. Cela permet à l’élève d’apprendre à organiser les données, hiérarchiser sa pensée et au moins on est sûr que la leçon est apprise. De plus, on peut faire aussi une carte mentale à la fin d’un cours pour savoir ce aui a été retenu par les élèves ce qui peut déboucher sur un partage riche pour tous les élèves… Cet outil est bien expliqué dans le livre La pédagogie positive d’Akoun et Pailleau.

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