Retour des dernières « vacances »

Les vacances d’automne sont arrivées (laïcité oblige, je ne les appelle pas vacances de la Toussaint mais ce sont les mêmes), dans la cuisine monte une douce odeur de coing (cette année j’ai décidé de m’essayer à la pâte de coing). Un peu distrait, je regarde les feuilles s’amonceler ; elles vont bientôt se teinter de rouge, enfin, elles « devraient ». Mais je manque de courage ! Cette année je me l’étais bien promis (comme l’an dernier d’ailleurs) : «  Je n’emporte rien à corriger pour les vacances ». Et je l’avoue, j’ai craqué. Allez juste un petit DS, un dernier petit TP pour la route. En fait je crois que je suis accroc… Et maintenant, les tas de feuilles que je contemple… Ce sont les copies qu’il va me falloir corriger !

Evaluation des copies

Les autres, celles du jardin, je m’en suis déjà occupé, elles sont allées enrichir mon composte… Celles qui me tourmentent, devraient aussi enrichir ce terreau fertile qu’est l’esprit de nos élèves.

Pour cela je tente de mettre des commentaires constructifs, ce qui reste à retravailler, et d’être concret, en évitant les « Assez bien », « Passable », « Peut mieux faire ». Bref, des commentaires qui n’en sont pas et qui n’apportent rien, donc qui ne méritent même pas que l’on perde son temps à les écrire… Et pourtant, j’ai quelques collègues qui les affectionnent. Mais, quelquefois je n’ai rien à dire, ou plutôt rien à dire que l’élève ne sache déjà (par exemple : « tu n’as pas appris ton cours » ou « tu n’as pas retravaillé les exercices »), alors je tombe dans la paraphrase juste pour meubler le début de cette copie.

Mais pour l’heure, il faut que je surveille ma pâte de coing : hier j’ai fait de la gelée, mais ce matin, malgré toute mon application, elle n’avait pas pris… Je n’avais pas mis assez de sucre… Comme quoi, il faut toujours goûter.

C’est aussi ça les évaluations : beaucoup de cœur, et des moments de satisfaction du travail bien accompli, vite brisés par des copies décevantes : « C’est pas vrai !!! Quand je vois le temps que j’y ai passé, et la séquence que j’avais super chiadée et… ils ont rien compris !!! » On n’évalue pas que les élèves… On « goûte » aussi ce que l’on a élaboré… Bon ! On n’est pas toujours aidé par les programmes parfois très (trop) ambitieux.

Moi comme je suis dans le « mouv’ », j’évalue par compétences… (c’est la grande classe dit comme ça). En fait je crois que tout le monde le fait maintenant.

Ma grande question a toujours été : « Comment faire simple pour être efficace ? » J’ai essayé plusieurs recettes, et pour l’instant il y en a une qui me va bien…

Alors, vous prenez les coings, et vous les coupez en quartiers en laissant bien la peau et les pépins… Et pour les compétences si on laisse le tout mélangé, c’est compliqué. Alors je sélectionne une ou deux compétences par évaluation (que j’ai un peu bossé avant avec les élèves, quand même), et je place un petit tableau avec ces compétences au début du DS (comme ça c’est clair pour les élèves, enfin pas toujours, mais bon, il faut essayer). Après correction, je note un petit signe sur l’état d’acquisition de ladite compétence). Au début (et même maintenant encore), c’est là que commençait les hésitations : « À partir de quand je considère que c’est acquis ? Est-ce qu’il n’a pas réussi car il n’avait pas compris ?… » Car pour un élève qui a 0 ou un autre qui à 20, c’est assez simple. Mais pour les autres (une quantité non négligeable en fait), c’est un peu moins tranché.

Maintenant je me pose moins de questions. De toute façon sur l’année, en évaluant plusieurs fois la compétence, j’aurai une vision plus globale et je saurai si elle est acquise.

Après, c’est là que je fais bosser mes élèves : ils relèvent tout ça dans une grille présente dans leur cahier (moi je passe vérifier qu’ils le font bien). Quand je veux faire le point ou remplir les bulletins, je récupère la grille…

Ils recopient aussi le commentaire de chaque DS dans une grille au-dessous (ça leur permet de voir leurs erreurs de manière plus synthétique et de repérer celles qui se répètent). Et puis s’ils m’ont obligé à prendre du temps pour écrire un long commentaire, c’est une petite vengeance.

Voilà ma recette. Et la vôtre ? Est-elle bonne ?

Bien évidemment, toute recette a ses avantages et ses inconvénients. Pour ma part je trouve que l’évaluation par compétence permet de mieux cibler les points forts et les points faibles des élèves ; le diagnostic est très clair, mais c’est dans la remédiation que cela pêche. Faute de temps, on n’a pas le temps de revenir sur les difficultés, et même si en théorie cela pourrait être abordé en AP, c’est rarement le cas… Bien sûr dans notre académie, en SVT, on a construit un recueil d’exercices de remédiation (un long boulot sur plusieurs années). Encore faut-il que les élèves le consultent…

L’inconvénient, c’est qu’en conseil de classe, malgré toutes les appréciations sur le bulletin et la grille à la main, on ne regarde bien souvent que la note : « Il ne maîtrise pas la compétence « raisonner » et alors ? Il a 10,1 en SVT, il peut aller en 1èreS ». Et voilà, moi qui cherche à garder un peu de motivation avec mes élèves en ne notant pas trop sévère et en valorisant l’apprentissage du cours, me voilà puni…

Bon je dois vous laisser, je crois que ma pâte est prête.

Une chronique de Damien THOMAS, vive la vie d’évaluateur !

3 réponses

  1. Ton article me fait rire (jaune) quand je pense à tout le travail que représente l’évaluation par compétences (aussi bien pour l’élève que pour le prof) pour qu’au bout du compte comme tu l’écris si bien, au conseil de classe ne prime que la moyenne.
    L’évaluation par compétences, j’y crois vraiment mais je ne la mets pas en place pour les devoirs parce que le temps est limité ou alors j’ajoute ce critère de temps à compétence évaluée. J’ai beaucoup de difficultés à expliquer à mes élèves « oui, en effet ça tu sais faire mais ça ne se voit pas dans ta note » :/ C’est pour ça que je préfère les évaluer pendant ma séquence: sait-il travailler en groupe (oui, je suis au collège!), sait-il développer des stratégies pour comprendre du vocabulaire qui lui est inconnu… La plupart du temps mes critères sont simples: tu sais faire, c’est acquis; il y a des erreurs: c’est en voie d’acquisition (j’ai zappé le non acquis en cours d’année, je ne l’instaure qu’en avril et à ce moment-là j’enlève en « en cours… »).
    Bref, j’expérimente parce que j’aime rompre avec la routine; je choisis des compétences qui servent ma séquence bien sûr mais aussi des compétences qui répondent à l’amélioration de la vie collective, visant aussi à me rendre la crise d’adolescence plus facile xD mais je leur présente toujours les objectifs à atteindre: les leurs, comme tout le monde je pense, et… LES MIENS!!!
    Et je n’ai pas trouvé la solution-miracle mais mes classes sont plus sereines quand je travaille de cette manière 😉
    Pour ce qui est de la pâte de coings en revanche, je n’ai jamais testé mes aptitudes à la faire mais j’ai dépassé le stade de l’acquisition pour la manger!!
    Merci pour cet article qui soulève encore une fois plein de questions… des questions qui font avancer 🙂

    1. merci Audrey,

      et tu as raison, je crois qu’il faut, quelque fois, comme ce vent d’automne, soulever quelques questions qui j’espère ne finiront pas, comme les feuilles, par retomber et s’accumuler en tas au fond du jardin…..

  2. c’est bon la pâte de coing! on s’y prend parfois en plusieurs étapes mais généralement, chacune fait progresser notre pâte. Quant aux copies… personnellement, je ne trouve pas la même assurance dans la progression….
    merci pour cette agréable comparaison, très de saison!

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