Bonjour à tous,
Retour aux affaires pour moi, dans le Petit Journal des Profs, pour cette première chronique de début d’année.
Quoi de mieux pour commencer, que de s’intéresser à cette part méconnue de notre métier par les néophytes, à savoir : la communication. Le début d’année est un marathon où la communication que vous aurez sera déterminante pour le reste de l’année. Vous allez afficher votre tempérament, vos qualités d’écoute et surtout vos qualités oratoires. Mais au fait, un prof ça communique vraiment ? La communication, ils l’apprennent en formation ? Comment s’outiller pour mieux communiquer ?
Réponses :
1. Un prof, ça communique ?
Eh oui, être prof c’est aussi être un communicant.
Entre :
- les réunions de parents où nous devons nous adresser à un public compris entre 20 et 40 adultes (oui oui, certains viennent à deux),
- les rendez-vous individuels avec les familles (un face à face qui peut rappeler les plus belles heures de western avec John Wayne),
- la communication au sein même de l’équipe pédagogique avec ses collègues et son directeur (pas toujours chose aisée avec la multitude de personnalités et de générations qui se côtoient dans notre métier, si vous avez revu le film PROFS il y a peu, vous comprenez ce que je veux dire),
- les échanges au sein de la communauté éducative (assistante maternelle, personnels de service, OGEC, APEL : association des parents d’élèves).
Nous nous devons de savoir communiquer.
Pour la plupart nous sommes tous de formidables COMMUNICANTS sans le savoir, mais pour les plus timides nous faisons, au mieux, bonne figure. ^^
Pourtant cette part énorme de notre travail n’est que peu développée en formation initiale tout comme en formation continue.
Nous allons devoir nous adresser durant toute notre carrière à :
- de jeunes enfants entre 3 et 10 ans (dont certains sont dans le mutisme, la phobie scolaire ; la confrontation d’autres sont issus de familles non francophones, certains en situation de handicap ou de traumatismes familiaux) ;
- de jeunes ou moins jeunes parents ayant des personnalités diverses et variées, ayant leur propre vécu avec bons ou moins bons souvenirs de l’école, et qui le plus souvent ignorent ce qu’est l’école de 2015 ;
- à des supérieurs hiérarchiques pas toujours au fait des réalités de terrain, très exigeants et qui comprennent mal comment, la plupart du temps, nous surnageons au-dessus d’un tsunami de tâches et de rendez-vous ;
- à des partenaires de l’école (mairie, intervenants) pas toujours disponibles. Ou si, entre 10h et 11h (oh mince je suis en classe dis donc).
Nous devrons nous adresser à eux tout en gardant, en toute circonstance, de l’aplomb, de la constance, du sang-froid, et en jouant pleinement notre rôle de fonctionnaire de l’état. Mission difficile…
2. Quelle place en formation ?
Je me désole année après année de voir si peu, ou pas, de formation parlant de communication.
Voici des formations qui auraient tout leur sens :
- la prise de parole, poser, placer sa voix (qui éviteraient à beaucoup d’enseignants et enseignantes de finir aphones et de devoir faire un travail avec des orthophonistes) ;
- la théâtralisation pour adultes (être enseignant, c’est être un comédien, nous sommes quasiment sur scène tous les jours devant les élèves) ;
- l’art de communiquer et de capter un auditoire (comme j’ai écouté souvent de nombreux professeurs stagiaires parlant d’un ton morne et soporifique… Le tout à 20-22 ans alors qu’ils débordaient de pêche en dehors de la classe) ;
- communiquer sans violence (Je vous vois sourire. Je parle du discours non violent et de la communication non-violente, mais il est vrai qu’il n’est pas facile de garder son sang froid quand, après 6h de classe avec vos 30 zouzous dans un local à 26°C même en hiver, un papa énervé vient se passer les nerfs sur vous, parce que vous n’avez pas retrouver le sac de piscine que le gamin a oublié il y a une semaine, alors qu’eux-mêmes ne se sont rendus compte de la disparition dudit sac que la veille au soir).
Nos jeunes professeurs stagiaires partent le plus souvent désarmés. Ils sont peu ou pas formés.
On les envoie sur les sites les plus difficiles là, où le plus souvent, la communication avec les familles est ardue, voire rompue.
Ils doivent, en plus, pour certains, naviguer entre plusieurs écoles et donc communiquer avec plusieurs équipes pédagogiques, plusieurs directeurs(/rices) et rencontrer deux ou trois fois plus de familles. Bref, ils ne sont pas les mieux lotis tout en étant les moins expérimentés, ce qui n’arrange pas les choses.
Alors des outils, des « soluces » monsieur Mathieu?
Mais bien sûr !
3. Comment améliorer ses outils et sa communication
Tout d’abord, il est important de faire preuve en toute circonstance d’empathie, vous mettre à la place de l’autre.
Pourquoi ce collègue me parle froidement ? Pourquoi est-ce tendu ?
Pourquoi ce parent s’emporte-t-il ?
Pourquoi cet enfant cherche-t-il l’affrontement ?
L’empathie est souvent une clé de compréhension fort efficace. Nous pensons tous maîtriser l’empathie, et pourtant je vous invite à consulter ces quelques ressources où j’ai beaucoup appris.
Un guide coaching sur l’empathie et comment la développer
Un article très bien fait qui différencie empathie et sympathie
Ensuite, vous vous devez d’utiliser la communication non-violente. Selon son auteur, ce sont « le langage et les interactions qui renforcent notre aptitude à donner avec bienveillance et à inspirer aux autres le désir d’en faire autant. »
Vous devez pouvoir parler de vos ressentis, de vos émotions et de vos besoins. Si toute personne a le droit de trouver à votre abord écoute et compréhension, vous ne devez pas tout garder pour vous. Vous aussi vous devez pouvoir dire à vos interlocuteurs ce que vous avez ressenti lors de tel ou tel échange. Vous verrez, vous ressortirez soulagés d’un poids.
Mais chose pour en savoir plus sur cette méthode, je vous renvoie vers les liens suivants :
Définition de la C.N.V communication non violente
Pour des outils et des formations sur la CNV
Un très bel article du site Pyschologies sur la CNV
Une vidéo de l’auteur de la C.N.V
Enfin, il est nécessaire de développer une communication adaptée à chaque type d’interlocuteur, et cela est parfois difficile. Nous sommes parfois trop durs avec des enfants et à l’inverse trop candides avec des parents.
Je vous recommande notamment ce document PDF très bien pensé :
10 moyens pour mieux communiquer avec son entourage
Vous y apprendrez notamment à :
- prodiguer des marques d’attention afin de mieux faire passer vos messages,
- savoir choisir le moment opportun pour dialoguer,
- ne pas laisser s’accumuler les frustrations,
- parler au « je »,
- oser demander au lieu de se laisser « deviner »,
- être dans l’écoute active,
- exprimer son agressivité avec profit,
- trouver une solution par la négociation,
- éviter les luttes de pouvoir dans la communication.
Bref document très très riche à lire et relire en permanence, surtout lorsque vous êtes désarçonnés par un ou plusieurs échanges.
En complément je vous conseille aussi ces documents et ces sites qui regorgent de pépites :
25 conseils pour mieux communiquer en public, en tête à tête et au téléphone
5 techniques pour mieux communiquer du site Marie-Claire
Voilà, bonne continuation à vous et communiquez sereinement !
Mathieu Quénée
Merci Monsieur Mathieu, Je ne désespère pas de réussir à mettre à profit vos conseils de communication non violente, malgré la fatigue et le stress qui nous guettent si souvent. Nos élèves malgré leurs rodomontades restent des enfants que toute agressivité risque de blesser ou d’enfermer dans une coquille… Bonne continuation
Quel bonheur, de lire enfin une chronique de Monsieur Mathieu, Professeur des Ecoles, ludologue, tuteur auprès de jeune profs, chroniqueur talentueux….( et j’en oublie certainement ) . Ah oui! papa d’un petit garçon formidable.
Comment faites-vous pour être excellent partout?
Votre chronique, aujourd’hui est simple, précise complète et donne des pistes intéressantes si on veut approfondir la question.
Cette année, avec mes élèves ( CM1 CM2 ) je vais travailler le langage non verbal. Langage des sourds muets entre autre (j’ai oublié, on ne dit plus sourd mais « mal entendant » )
S’engueuler avec un inspecteur borné ( ça existe…) uniquement avec des gestes sans prononcer une seule parole ç’est digne d’un gag.
Je vais essayer et je vous tiendrai au courant.
A bientôt le plaisir extrême de vous lirs.
jacques san.
Merci Jacques!
Que de compliments!
Je suis heureux que la lecture de mes chroniques puisse vous enchanter de cette manière!
Alors talentueux partout je ne sais pas et je ne pense pas mais disons que je me donne à 100% dans tout ce que je fais. Pour mon fils vous avez en revanche tout à fait raison il est formidable et il constitue ma plus belle réussite à n’en pas douter. Merci de ce très beau commentaire comme on aime à en lire lorsque l’on partage sur les réseaux numériques. Au plaisir de vous lire également
Mathieu