Au collège

Avec l’arrivée de l’automne, le professeur est comme tout un chacun, il déprime. Combien de temps avant les grandes vacances ? Se demande-t-il. La vraie question étant en fait : faudra-t-il attendre longtemps avant de revoir le soleil ? (Si le professeur se trouve en métropole bien sûr, et pas trop au sud de l’Hexagone…). Avec mélancolie, il se dit en lui-même : « À quoi bon ? »

Tous les ans, c’est la même chose : la mécanique est bien huilée, le planning annuel bien rodé. Et chaque jour, à chaque heure de cours, le prof répète, radote : entrée des élèves (en moyenne, 25 « bonjour ») – appel (au moins autant de « oui » ou de « présent » ou de « là ») – consignes de travail (répétées au minimum trois fois si possible en reformulant). Le gendarme-pédagogue ne compte plus les fois où il demande le silence, mais les moments où il l’obtient restent à jamais gravés dans sa mémoire.

Le quotidien est-il pour autant l’ennemi juré du professeur ?

Tout le monde s’accorde à dire que la routine tue le couple, en général. Mais qu’en est-il de la routine dans le groupe-classe ?

rituels

En classe, la routine s’est trouvée un autre nom, plus vendeur, plus glamour : le rituel. Cette grande ouverture est présente à tous les moments de la scolarité de l’élève : de la petite section jusqu’à plus soif (le doctorat ?). Ce peut être un simple « bonjour ! » ou « good morning ! » à l’entrée en classe ou bien une véritable petite cérémonie.

J’ai constaté à quel point, dans les petites classes, le rituel est bienfaiteur. Il permet d’installer des repères, de rassurer le tout-petit, mais aussi de faciliter les premiers apprentissages. J’admire cette capacité des enseignants de maternelle à instaurer cette complicité dès le matin (je suis toujours surprise d’ailleurs que la maîtresse, ou le maître, connaisse dès le premier jour, quasiment, le prénom de tous les élèves de sa classe. Personnellement, c’est au mois de janvier en moyenne que j’y arrive). La première partie de la matinée est souvent consacrée à ces tâches anodines, mais qui semblent indispensables : reconnaître la couleur de son groupe, à l’aide de pastilles de couleurs, chanter la comptine de la semaine, puis, petit à petit, reconnaître son nom et connaître la date, la météo…

Plus tard, à l’école primaire, les rituels permettent aussi (en plus de la routine rassurante) de constituer un vrai groupe. Les écoliers partagent des tâches communes, s’investissent dans le fonctionnement de leur classe et tout cela facilite la cohésion du groupe. Ils permettent souvent un accès ludique à des apprentissages variés : calcul, vocabulaire, ouverture sur le monde, j’en passe et des meilleurs.

Ont-ils disparu au collège ? On pourrait le croire, à première vue, du fait de la multiplication des enseignants et la célérité avec laquelle le cours se déroule (55 minutes en moyenne, en fait beaucoup moins). Évidemment, les routines de « politesse » sont bien ancrées : l’élève de collège se range, suit son professeur jusqu’à la salle de classe, dit « bonjour » et entre, se place derrière sa chaise en silence, après avoir jeté son chewing-gum, et enfin s’assoit lorsque l’enseignant a obtenu le silence (j’ai dit « évidemment » moi ?). Mais qu’en est-il du vrai rituel, celui qui a un sens, au-delà de la comédie sociale (nécessaire, hein ! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit). Ce rituel, il faut le réinventer à mesure que nos chères têtes blondes grandissent et changent de préoccupations.

« Lorsque tous les enfants se sont appropriés un rituel, il doit évoluer ou être remplacé. »

Programmes 2002 – Chapitre « Vivre ensemble »

Au collège, faisons que le rituel fasse « peau neuve ». Inventons. Soyons créatifs.

Et comme je suis persuadée que les idées ne manquent pas (ainsi que les pratiques), je suis à votre écoute pour partager les petits moments qui réinventent le quotidien, qui permettent de faire corps avec la routine, pour enseigner, mais surtout, créer des liens, de la cohésion dans le groupe et de la cohérence dans les apprentissages. À vous !

Une chronique de Marine

4 réponses

  1. Pour ma part, le rituel que j’instaure (en collège) est propre à ma matière (anglais). Il y en a un par trimestre, le temps que chaque élève passe à l’oral à chaque séance. Celui du trimestre 1 est axé autour de la musique. Un élève (volontaire ou non) écoute un extrait de musique (souvent avec une thématique bien spécifique), prend des notes (instruments, rythme, voix, mots reconnus…) et les autres lui posent des questions en rapport à l’extrait (quel genre de musique ? quels instruments ? quel sentiment éprouves-tu en écoutant cette mélodie ? ….). Tout ça en anglais. D’un point de vue général, je dirais qu’ils aiment bien ce rituel et lorsqu’on ne le fait pas (jour d’évaluation ou autre), ils le réclament…C’est souvent des chansons qu’ils n’écoutent pas personnellement (Louis Amstrong / Nina Simone / U2 / Pink Floyd…), ça les ouvre donc un peu plus culturellement parlant. Et puis c’est toujours agréable de commencer un cours en chanson !

    1. Oui, c’est très vivant! J’ai également mis en place 5 minutes de « point job » et/ou « point presse » en 3e. Un petit exposé sur un métier ou un fait d’actualité qui peut ouvrir sur un mini débat!

  2. Je commence chacun de mes cours de 3e par une session gym douce de 5 minutes pour les réveiller en début de journée ou une session relaxation (massage des temps, des épaules, etc.) pour les calmer en fin de journée. Ils adhèrent et certains s’en servent même pendant une évaluation ou pour s’endormir le soir!

    1. J’ai une collègue qui pratique également la relaxation lorsqu’elle a ses 3e deux heures de suite, pour faire une petite pause (sachant que c’est aussi entre 15h et 17h, le vendredi). Pour les réveiller? Je vais tester! Les miens sont très endormis mercredi matin à 8h!

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