Ca y est, on y est  c’est la fin de l’année. On attend ce moment secrètement, doucement toute l’année. On attend la libération de nos contraintes, on veut laisser notre sac dans un coin et ne plus y revenir tout de suite. Il y a encore le bac à surveiller,  22 heures à regarder les élèves composer, et le rattrapage, jusqu’au 11 juillet.

Mais après, ça y est, commence la douce torpeur de l’été.

Qu’est ce qui me reste de cette année ? Entre mémoire et oubli, mon cœur balance.

J’oublie :

J’essaie de  ne pas oublier :

IMG_9984

Les séances radio enregistrées et les blagues en direct. Les séances Skype avec la Suède, le Canada, les USA, l’Espagne, l’Angleterre, la Roumanie…Le jeu sur l’argot en flashcards par webcam interposée.

IMG_9324IMG_9320

Nos élèves aussi balancent entre mémoire et oubli.

C’est une bataille constante : je veux qu’ils se souviennent, ils luttent pour oublier.

Je leur dis « Pensez-y » et ils se roulent dans l’amnésie.

J’essaie de me battre, je fais des teasers en ligne des événement à venir, je prends des photos et des vidéos.

On fait répéter, on reprend, on essaie de faire mémoriser, et très vite, ce qu’on voulait tisser, part en écheveaux.

Ils oublient la règle de grammaire, mais se souviennent de votre faute d’orthographe au tableau.

Les élèves aussi auraient bien besoin d’une cure de magnésium.

On les croise, dans les couloirs ceux à qui on a fait cours pendant un an et ils semblent ne pas vous reconnaître, les yeux englués dans leurs portables.

Lassée, de me « prendre des vents », j’ai craqué et demandé aux impudents comment ils osaient ne pas me saluer. La réponse fut cinglante « mais Madame, on ne vous voit pas ! »

Voilà pour ma fierté personnelle, je suis rhabillée pour la saison.

C’est vrai que nous aussi on a la mémoire qui flanche parfois.

Un regard qui insiste dans le métro, un visage dans la rue, une frimousse familière, mais impossible de remettre un nom sur cette silhouette frêle.

C’est sans doute un mécanisme de défense, nous nous préservons.

Mes omissions sont autant de luttes contre l’hypermnésie. Comment pourrions-nous vivre avec les visages de tous nos élèves dans la tête? Savoir à quel moment on leur a parlé, ce qu’on leur a dit ?

On a besoin de faire de la place affective et intellectuelle, comme on fait le vide dans nos placards, bureaux et sacs, pour reconstruire dès le 31 août cette année.

Les lycées américains ont une belle tradition je trouve, 410765331_efa2b3c02d_o

un yearbook, un livre qui regroupe toutes les photos des élèves, avec les années d’étude au lycée, pour aider la mémoire qui défaille, et enfin remettre un nom sur ce visage qu’on connaissait et qu’on a oublié.

2 réponses

  1. Bonjour,
    À propos de faute(s) d’orthographe du chef du professeur, il m’est aussi arrivé d’en commettre, et là où elle(s) s’étale(nt) au grand jour : le tableau noir.
    Il m’est venu d’ailleurs à l’esprit d’en relater la saynète tant ma confusion fut grande sur le moment. Je la partage : http://users.skynet.be/courstoujours/annexes/scenesscolaires/scenes.01.htm
    Je vous souhaite, à vous-mêmes, à vos élèves et à tous ceux qui nous lisent des vacances reposantes.

Laisser un commentaire

buy windows 11 pro test ediyorum