La reconquête du mois de juin…  Ah cette belle phrase de Darcos qui espérait en 2009 mettre nos élèves au travail jusque fin juin… Mais reconquête pour qui ? Normalement pour les élèves… Et la réalité, laquelle est-elle ?

reconquerir

Elle est bien simple, depuis 2 semaines, je me noie ! Je flotte entre 2 eaux sans parvenir à remonter à la surface. Mais rassurez-vous. Nous sommes tous comme ça… un corps professoral dérivant comme un banc de poisson, essayant vainement de sortir la tête de l’eau pour voir, quand nous y parvenons la grande majorité de nos chers élèves bronzant tranquillement sur le rivage.

Car oui, la vérité est ailleurs :

Cette reconquête se fait au détriment des profs, tandis que nos élèves la boudent et préfèrent de loin les vacances anticipées, avec ou sans l’assentiment de leurs parents (« mais pourtant il part tous les matins au lycée madame ! »).

Alors, dans le désordre, et parce que cette fois, sachant ce qui m’attendait, j’ai tout noté :

La semaine dernière, j’ai fait :

Je n’ai pas compté le temps passé le soir (« ah , tu es quand même rentrée », m’a fait remarqué mon mari ) jusqu’à 23 h sur ma messagerie professionnelle : organiser avec les collègues,  convaincre les parents, les persuader de l’importance de venir me voir, rameuter les élèves…

Bref, tant de travail (attendez, je compte… au minium 53 heures !) et cette semaine, normalement, la conclusion attendue :

Je croise quelques élèves devant le lycée. Ils s’en « grillent une » avec leurs camarades : « mais pourquoi n’es-tu pas en cours ? » « ben, le conseil de classe est passé madame ! ». Je les envoie illico presto au bus  récupérer chez eux le précieux sésame « ah non, moi, mes parents l’ont pas signée, ils ne sont pas d’accord »…

Alors je suis restée 9 heures au lycée aujourd’hui pour tenter de régler tout cela.

Pour ce soir, les jeux sont faits. On verra demain comment résoudre les problèmes que ses élèves, se sentant trop tôt dégagés de leurs obligations scolaires, ne manqueront pas de nous renvoyer au visage…

Demain est un autre jour et le mois de juin est reconquis !

J’évite de penser que justement, demain matin j’ai 4 heures de cours et que je dois voir de façon urgente une maman qui ne peut me rencontrer qu’avant 11 heures… Alors je vais faire cours à mes premières (ou plutôt ce qu’il en restera : 15, 10, 5 élèves ? Reconquête ???) et en même temps recevoir cette mère désespérée. J’espère que cette nuit, une transformation magique me donnera ce don d’ubiquité qui me manque tant…

Heureusement, pour me détendre, j’ai pu écrire cette chronique et partager avec vous ces moments intenses de fin d’année. Zut, je n’ai pas eu le temps de préparer le repas. Je file !

Petite citation (suivez le lien) pour ceux que cela intéresse :

L’Inspection certifie « l’alourdissement » du métier d’enseignant 

Les profs ne sont pas des fainéants. Même ceux qui « mettent des couches » travaillent largement plus que les 35 heures du salarié ordinaire. Le nouveau rapport de l’Inspection générale sur « Les composantes de l’activité professionnelle des enseignants outre l’enseignement dans les classes » confirme au passage le « ras le bol » des enseignants devant « l’alourdissement » du métier aussi bien dans le second que dans le premier degré. Mais il pose aussi la question de la reconnaissance des multiples tâches qui se sont ajoutées ces dernières années dans l’emploi du temps chargé des professeurs…

Une chronique de Rachelle

7 réponses

  1. Merci pour cette belle chronique dans laquelle j’ai l’impression de me lire!! Je l’ai moi-aussi punaisée au tableau dans la salle des profs.de mon lycée.
    Oui, nous sommes investi, et peut-être un peu fous de l’être à ce point mais quand à la fin de l’année les élèves quittent le derniers cours en trainant les pieds ou en déposant discrètement une carte dans mon casier, je me dis que ça en vaut la peine, humainement c’est une évidence.
    Même après 20 ans de carrière et 3 enfants à élever, je ne regrette rien, il y a des hauts et des bas mais pas de regrets.
    Quant aux acquis des élèves, c’est peut-être un peu moins évident -trop confus, pas assez ci, trop ça, trop à l’affect, trop magistral etc…me diront les inspecteurs et pourtant… le lendemain dans l’anonymat des couloirs ou des années après, ils reviennent le sourire aux lèvres « Madame, vous m’avez fait aimer l’anglais! Même celui rébarbatif des essais! Même la grammaire! »
    Alors, n’est-ce pas cela l’essentiel? Transmettre ce qui nous passionne? Et qui sait…susciter des vocations comme on l’a fait pour moi?

  2. Aie! c’est si vrai aussi…Je crois que c’est ce qui m’est le plus difficile dans ce travail : séparer clairement boulot et famille. Le travail investit chaque lieu de ma maison , ou presque, et surtout déborde sur chaque instant de ma journée ou de ma semaine. Des années à essayer de bien les cloisonner ont été des années d’échec… merci pour ce message qui m’invite à y réfléchir à nouveau …

  3. Chère collègue

    A vous lire vous êtes une prof super investie et qui croit au métier. Tant mieux, j’adore l’optimisme ! Mais aussi une belle candidate au burn-out, la maladie du siècle. (J’en sors personnellement…)
    Alors et si… l’espace d’un instant, on disait « Tant pis » pour cette reconquête du mois de juin prônée par un ministre qui n’est pas à votre place et surtout plus en poste ?

    Et si on réduisait la voilure… profitez du soleil de juin et de vos enfants et au diable les copies d’après conseil ? Et si on n’allait pas chercher les élèves qui ne veulent pas venir ? Et si on ne se concentrait que sur ce « sésame » signé so difficile à récupérer ?
    Et si au lieu de préparer 2 heures chaque soir on passait du temps avec son époux et ses enfants ?
    Est-ce que la planète arrêterait de tourner ?
    Je ne dis pas cela pour vous faire bondir mais par empathie car reconquérir le mois de juin avec une hiérarchie qui n’en donne pas les moyens, cela me paraît illusoire et dangereux pour la santé mentale des enseignants (dont je suis !).
    Effectivement là où on marche encore plus sur la tête : avec le futur calendrier les plus chanceux (en primaire Évidemment comme le souligne une collègue dans un autre commentaire& auront l’immense privilège d’enquiller 11 semaines de cours jusqu’aux vacances ! Si cela n’est pas de l’hypocrisie suprême de la part de nos gouvernants… Alors je milite pour le lacher-prise.

    Bon courage et puis, le moment venu, bonnes vacances !

  4. Oups! trop de fatigue, trop de fautes : alors corrigeons déjà celles-ci :
    « M’a fait remarquER mon mari »
    « On verra demain comment résoudre les problèmes que Mes élèves… »

    C’est vrai qu’aujourd’hui, c’était plutôt le jeu de « on cherche les élèves et on travaille pour 3 d’entre eux!!! ». On passe de 20 à 3 puis à 17 sans savoir pourquoi… les mystères de leurs décisions!…
    Bon courage à tous.!
    Comme ne le le dit pas très bien Marie Briffaud-Rineau, on tient le bon bout, dans 1 mois, l’été, les vacances. Vous savez, ces semaines que beaucoup nous envient et pendant lesquelles nous sommes si nombreux à travailler pour préparer notre rentrée!!!

  5. Bien juste tout ceci, j’ai presque l’impression de lire mon emploi du temps de cette semaine..et cela ne va pas s’arranger tout de suite : surveillance de bac dès la semaine prochaine , puis/et en même temps correction pour interrogations…le tout jusqu’au 10 juillet. Quand nos élèves seront depuis longtemps partis sur les plages…

  6. Je vous copie, je vous colle, vous agrandis, vous pagine délicieusement, signe votre chronique de votre nom bien sûr, et y appose la mention  » lu et partagé ce matin au réveil ». Je choisis mon plus beau papier et vous imprime pour vous afficher en salle des profs et sur la porte de ma salle de cours. Merci Rachelle! Très belle journée!

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