Qui vit reclus au fond d’une grotte ignore le débat houleux que les médias nous relayent allègrement (tenez, ce mot me rappelle un certain ministre !!) et déclenchant les foudres des professeurs d’EPS. Mais comme ce n’est pas le cas de la majorité d’entre vous (la preuve, vous me lisez, donc, vous n’êtes pas reclus loin des contingences matérielles de notre monde), vous ne pouvez ignorer comme on cause et comme on se moque de la « novlangue » utilisée dans nos programmes scolaires, surtout ceux du cycle 4

Au fond de la piscine

Moi, j’ai tout d’abord été jalouse. A l’école, mes enfants ont appris à « nager » dans « une piscine » c’est un peu sinistre de banalité. Et ceux de maintenant ? Quelle chance ! Eux, ils vont faire quelque-chose de vraiment original. L’élève de demain ne « nage » pas mais « traverse l’eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête ». Et puis, il ne va pas à la piscine mais dans « un milieu aquatique profond standardisé ». C’est sûr, c’est plus moderne ! D’ailleurs, dans les repères de progressivité du programme, contrairement à mes enfants, ils ne vont pas s’entrainer et se muscler pour nager plus longtemps mais « construire le corps propulseur ». OUA hou ! On se plait à rêver…

Puisqu’on en est là, ne nous arrêtons pas en si bon chemin… Et à propos de trajet, heureusement, l’élève du futur va savoir « choisir et conduire en milieu naturel ou artificiel un déplacement rapide, économique, sécurisé ». Là aussi, cela nous laisse songeurs sur leurs futures capacités. Voudrions-nous les perdre en forêt (milieu naturel) comme les parents du Petit Poucet ? Ce ne sera plus possible. Ils retrouveront toujours la maison ! On pourra les laisser libre de divaguer en milieu urbain (pardon, « artificiel » !), ils sauront s’y déplacer en toute sécurité… Et à peine partis, ils seront déjà là, car ils auront appris à courir, ou plutôt à « créer de la vitesse », mais pas n’importe comment puisqu’ils sauront aussi « s’organiser pour construire une continuité spatio-temporelle d’action ».

Et attention ! Quand ils feront du tennis, vos enfants vous épaterons, car ils auront appris à « interpréter seul le jeu pour prendre des décisions et rechercher le gain d’un duel médié par une balle ». Là, vous êtes fichus !

Mais bien sûr, je plaisante. En plus, je ne suis pas prof d’EPS ! Et je pourrai vous trouver des choses aussi marrantes dans les programmes d’histoire-géo, mais ce n’est pas ce dont parlent les médias en ce moment. Donc, je peux en rire un peu… Car finalement, l’essentiel n’est-il pas les objectifs finaux du sport à l’école (ah zut ! , de « l’Éducation physique et sportive ») qui « garantit à chacun l’accès à une culture sportive et artistique raisonnée participant à une culture universelle » Et ça, même si on ne comprend pas vraiment ce que cela veut dire, on ne peut pas être contre.

Bref, la « novlangue » de notre Conseil supérieur des programmes est souvent du jargon. Et les détracteurs s’en emparent. Certes. Mais ce n’est pas nouveau ! Vous vous souvenez du « référentiel bondissant » qui avait remplacé vos vieux ballons ? En revanche, au-delà de ces débats qui peuvent paraître futiles mais qui apparaissent à chaque changement de programme et dont les objectifs affichés dans ce langage pontifiant peuvent nous sembler éloignés de nos petits objectifs quotidiens, le problème ne serait-il pas surtout que, dans l’introduction même de ses programme, il est écrit que le Ministre de l’éducation nationale a demandé au Conseil de formuler des propositions de programmes « « Plus simples et plus lisibles pour que chacun sache bien ce que les élèves doivent apprendre » (avant propos, p.3) ? Et là, peut-être que certains ont eu des incompréhensions de vocabulaire concernant ces 2 adjectifs (ça se dit encore ou on a changé de nom ?, je n’ai pas encore étudié les programmes de grammaire)…

Enfin… si je me suis fait comprendre… Qui sait, peut-être que, comme monsieur Jourdain et sa prose, moi je fais de la jargonaphasie sans le savoir ! Mais tout ceci, c’est parce que plaisanter au lieu de tempêter fait du bien ! Alors, profs de sport et de tout bord (zut, je ne fais pas de la prose mais des rimes !), plutôt que jargonner ensemble, rions de concert…

Une chronique de Rachelle

9 réponses

  1. …!
    instit en ce1, je ne peux moi aussi que sourire de cela. Heureusement, il semblerait que ce jeu verbal n’aie eu lieu que dans la partie sportive. les autres matières sont beaucoup plus prosaïques et accessibles. Est-ce une façon de prouver que le sport passe aussi par la tête?
    dans tous les cas, effectivement bien éloignés de nos ambitions quotidiennes : moi les enfants, je les fais courir, nager, sauter…. c’est peut-être trop simple…
    Merci pour ce sourire.

  2. C’est vrai qu’une telle réaction laisse un peu pantoise… Je suis l’une des premières à déplorer les fautes dans les nombreux textes que l’on lit mais néanmoins, preuve est donc faite que nul n’est parfait…. Au sujet de la correction toujours pas effectuée, cela n’est malheureusement pas de mon ressort. Ce n’est pas que je ne m’en préoccupe pas, c’est que nous ne pouvons plus agir sur un texte publié…

    1. Et puis, désolée d’insister, mais en quoi mon texte est-il particulièrement abscons (et non pas abcons comme vous l’écrivez!! ouille une faute dans votre texte)?! C’est justement le motif de ma chronique : montrer que le programme ainsi rédigé est abstrus (allez, peut-être que cela fera prendre le dico à quelqu’un, cela rendra mes réponses moins inutiles)… mais l’avez-vous justement lu ce programme? Sinon, c’est sûr que vous devez vous demander ou j’ai pêché tout ceci!
      Sans rancune…

  3. Excusez-moi tout de même Rachel si j’ai été un peu vive…Mais j’en ai assez de lire , y compris dans les textes administratifs rédigés par d’anciens collègues de français, des fautes énormes. En salle des profs, certains collègues demandent des précisions s’ils ne sont pas sûrs, pour éviter que cela n’apparaisse dans les documents aboutis. J’ai fait des fautes également, preuve que l’enseignement des profs agrégés de l’Université ne devait pas être si exceptionnel!

  4. Oh! pardon d’avoir choqué Claire Noel ! Corrigeons donc « l’introduction même de ce programme » dans l’avant-dernier paragraphe, puis le « de tous bords » quoique « tout bord » puisse être admis… On n’est pas parfait…

  5. Vous avez bien raison, il vaut mieux en rire qu’en pleurer… Néanmoins, on a l’impression que ceux d »‘en haut » ne parlent pas la même langue que ceux « d’en bas » et c’est triste. on aimerait que ceux qui sont payés pour leurs rapports le fassent pour tous et pas pour quelques initiés.

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