Tous les ans, la dernière semaine de décembre, l’équipe des profs d’anglais de mon lycée organise « la semaine du cinéma en VO ». En quoi cela consiste-t-il exactement ? En collaboration avec l’unique salle de cinéma de notre petite ville de Rumilly, en Haute-Savoie, nous organisons la projection pour nos élèves de divers films récents en version originale.
Quelques semaines à l’avance, nous rencontrons le gérant du cinéma pour préparer la programmation. Il nous fait part de ses coups de cœur, nous exposons nos envies, et ensemble, nous décidons des films qui seront projetés. Certaines années, nous choisissons un thème transversal commun – par exemple la famille ou le déracinement – en lien avec une notion du programme.
D’autres fois, chaque collègue choisit un film qui illustre une séquence qu’il a faite avec ses élèves (effet coup de poing inratable avec Gran Torino après un travail sur les armes aux États-Unis – Clint Eastwood juste parfait !). D’autres fois encore, nous faisons des choix uniquement dictés par les goûts des élèves, comme cette année avec une programmation axée sur l’héroïque fantasy avec la projection de Hunger Games 3, Divergente et le Labyrinthe.
Les bénéfices de cette opération « cinéma en VO » sont multiples. Au plan linguistique, les élèves travaillent leur compétence de compréhension de la langue orale et découvrent des accents différents reflétant la diversité du monde anglophone. Culturellement, cela permet une double ouverture, l’une sur la culture anglo-saxonne et l’autre sur le 7ème art. Et tout cela de manière ludique, ce qui est bien appréciable la dernière semaine avant les vacances de Noël, période s’il en est, peu propice aux acquisitions !
Cerise sur le gâteau – ou plutôt sur la bûche, vue la saison – cela permet aussi de soutenir notre petite salle de cinéma locale et de l’encourager dans son choix courageux de programmation de films en VO tout au long de l’année. Si nos élèves parviennent à surmonter les réticences du spectateur lambda à l’encontre des films en VO et viennent ensuite d’eux-mêmes voir un film en VO, notre pari est gagné. Et quand cela arrive, c’est une grande fierté pour moi et pour les élèves que je croise les soirs de projection d’un film en VO dans l’unique salle de notre petit cinéma local.
Les films les plus appréciés :
- Juno (une jeune-fille se retrouve enceinte et fait le choix de confier son enfant à un couple installé et plus âgé, mais peut-être moins mature qu’elle finalement… Rien de misérabiliste dans cette histoire, une jolie héroïne et un film très tendre, chaleureux et profond) : la famille, l’adolescence, la différence, l’amour…
- La couleur des sentiments (comédie dramatique. C’est l’histoire de trois employées de maison noires et méprisées qui prennent leur revanche de manière très originale : d’excellents moments d’une grande drôlerie et une peinture très juste du sud des États-Unis dans les années 60 servie par une brochette d’actrices géniales) : ségrégation, sud des USA, combat pour les droits civiques, rôle des femmes, écrire pour dénoncer…
- Gran Torino (drame poignant de et avec Clint Eastwood) : armes aux USA, intégration, minorités, immigration… Un magnifique film qui plaît beaucoup.
- Good Morning England (comédie hilarante servie accompagnée d’une BO très entraînante : depuis un bateau en mer du Nord dans les années 60, des DJ déjantés animent dans la plus grande illégalité la première station de radio rock ‘n roll du Royaume-Uni) : l’Angleterre des sixties, la famille, la musique, l’adolescence… Un franc succès à chaque projection !